La Grande Cavale : le réalisateur, Chritoph Lauenstein, nous raconte les coulisses de l’adaptation du conte Les musiciens de Brême des frères Grimm.
Votre parcours en tant que réalisateur de films d’animation…
« Depuis notre enfance, Wolfgang mon frère jumeau, et moi, avons créé de petits films d’animation en stop motion avec notre caméra Super 8. A l’issue de nos études, notre court métrage, Balance, a reçu de nombreux prix, en particulier l’Oscar du meilleur court métrage d’animation. C’était donc évident pour nous de commencer une carrière, de trouver un studio de production et de réaliser des films d’animation de façon professionnelle. Nous avons longtemps fait des courts métrages, des films « fait à la main », en argile ou avec des poupées. Cela a été drôle un moment, mais plus tard, nous avons souhaité avoir un nouveau challenge.
Il y a 8 ou 10 ans nous avons commencé à travailler sur des idées de films, à écrire des livres en espérant qu’ils soient adaptés par la suite. Il y a 3 ans, deux de nos projets ont été sélectionnés pour être produit au même moment. Ce n’était pas vraiment dans nos plans de réaliser nos deux vrais premiers films en même temps. Nous avons donc décidé que mon frère allait s’occuper de Léo et les extra-terrestres et moi de La Grande Cavale. Nous avions toujours travaillé ensemble, c’était donc une toute nouvelle expérience, nous nous sommes fait confiance, et au final je peux dire que cela a été une très bonne chose. Mais nous avons quand même souhaité signer les deux films à nos deux noms. »
La Grande Cavale est inspiré d’une histoire traditionnelle, Les musiciens de Brême de Jacob et Wilhelm Grimm, pourquoi avoir choisi ce conte en particulier ?
La création de La Grande Cavale a commencé par un projet pour la ville de Brême, au Nord-Ouest de l’Allemagne. La ville souhaitait un court métrage avec des marionnettes animées en stop motion représentant les quatre animaux du conte Les Musiciens de Brême. A la fin de ce travail, mon frère et moi avons imaginé un film autour de ces personnages. Du conte de Grimm, il reste l’idée des quatre animaux qui fuient leur maison, et utilisent leurs qualités pour s’en sortir. Mais l’histoire ensuite est complètement différente, très dynamique, avec des personnages dotés d’opinions, de réactions et de caractères totalement opposés. Ils se rencontrent par hasard sur la route et partagent une vraie aventure pleine de difficultés et de rebondissements. Ils apprennent, tout au long de leurs péripéties, à régler leurs problèmes ensemble, comme une vraie équipe soudée. Ce n’est pas facile pour eux, parce qu’ils ont du mal à s’entendre, ce qui apporte beaucoup d’humour au film.
Il y a quelques références cinématographiques dans le film.
C’est le petit clin d’œil qui s’adresse aux adultes qui accompagnent les enfants au cinéma. La scène où Marnie et Eugène sont accrochés à des cordes s’inspire d’une célèbre scène de Mission Impossible. Quand les quatre héros sont poursuivis dans un champ désert, par un biplan et se jettent sur le sol, nous citons évidement La Mort aux Trousses de Hitchcock. La position d’Antoine, l’âne à la fin du film, est un hommage à Titanic. Il y a même une référence à notre propre petit court métrage d’animation Balance quand les héros sont en l’air sur les ailes d’un avion et essaient d’attraper un carton qui glisse.
Le design des personnages est assez différent de ce qu’on voit habituellement dans les films en image de synthèse.
C’était très important pour nous de donner des allures particulières à nos héros, alors nous avons choisi de conserver le même style utilisé pour les marionnettes en stop motion du projet pour la ville de Brême. Nous avons commencé le processus de création en fabriquant des marionnettes en pâte à modeler, avec de très gros yeux. En partant de ces modèles, les animaux de La Grande Cavale ne ressemblent pas à n’importe quels autres personnages d’animation, mais sont plus un mélange entre la stop motion et l’image de synthèse ce qui leur donne un style original et c’est ce que j’aime. Que ce soit de l’animation stop motion, de la 2D traditionnelle ou un film en image de synthèse, la technique importe peu. Il faut juste trouver un design créatif.
Vous avez commencé avec de l’animation stop motion en général plus artistique, pour passer à l’animation de synthèse, plus grand public.
Je ne pense pas que les films de synthèses et les films stop motion fait à la main soient si opposés. Je pense qu’un film de synthèse peut être artistique au même titre qu’un film stop motion. Ce sont juste des manières de procéder. Bien sûr réaliser La Grande Cavale en stop motion aurait été amusant, mais j’aime aussi avoir des textures particulières, et de belles lumières grâce aux images de synthèses. Pour être clair, je pense que ce sont juste des techniques différentes, mais les deux peuvent apporter quelque chose de poétique, comme lorsqu’on peint un tableau, dans le but de créer le film le plus incroyable possible.
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