Les voix des personnages du film Titeuf témoignent. À travers ces entretiens, on apprend notamment que Titeuf n’est pas le seul personnage du film à être doublé par le comédien Donald Reignoux !
DONALD REIGNOUX – Titeuf
Comment un comédien se spécialise-t-il dans le doublage ?
Je suis tombé dedans par hasard. Ma mère était choriste pour Sardou et Joe Dassin. Elle chantait pour les enfants ; j’ai insisté pour participer et j’ai eu un tout petit rôle. À 10 ans, j’ai commencé à faire des doublages. J’ai eu la chance d’apprendre sur le tas.
Faut-il beaucoup d’imagination pour faire du doublage ?
Oui, franchement. Plus on a d’imagination, plus on ressent la fantaisie dans le travail. Je ne suis pas tout à fait fini, j’ai un peu de folie en moi, je n’ai pas peur de me lâcher. J’aime les rôles humoristiques, j’aime délirer sur les personnages, et pour ça, l’imagination est nécessaire. Un collègue, qui double Pierce Brosnan ou Denzel Washington, dit que la musique aide aussi beaucoup les doubleurs. Une bonne oreille permet de trouver la mélodie des personnages que l’on joue.
Comment trouvez-vous la voix de vos personnages ?
C’est aujourd’hui plus difficile de varier les voix. Je peux en faire une dizaine vraiment différentes, mais autrefois j’en avais beaucoup plus au catalogue. J’ai dû réapprendre après avoir mué. À l’époque du casting pour la série, je ne connaissais pas Titeuf, juste le nom. J’ai sorti une voix et, franchement, je ne vois pas ce que j’aurais pu faire d’autre. J’étais le seul comédien à aller vers ce côté rocailleux, bougon. Le premier accueil n’a pas été nickel, mais c’est ce que je voulais vraiment. C’est assez difficile de se faire refuser une proposition par les producteurs, non par fierté, mais parce qu’on sent au fond de soi que c’est la solution juste.
Alors, Titeuf, c’est vous ?
Ha ha. Je ne l’ai jamais dit comme ça, mais oui, Titeuf c’est moi… Je ne vois pas bien qui pourrait me remplacer. Regardez les Simpson : le jour où l’on a évoqué de changer les comédiens qui faisaient leurs voix, ça a été l’émeute… On a envie de continuer un personnage. J’ai longtemps doublé Shia LaBeouf, et puis je ne l’ai plus fait. C’est très décevant. Je n’ai plus jamais regardé ses films. On porte une espèce de deuil des personnages qu’on a perdus.
Faire des voix d’enfants, c’est difficile ?
J’ai mué tard, à 17 ans. Jusque-là, c’était facile, je pouvais faire des gamins de 5 ou 6 ans sans problème. L’avantage avec un dessin animé un peu barré, c’est que la voix n’a pas besoin d’être réaliste. Titeuf est un gosse, mais il n’a pas d’âge. Évidemment, ma voix est plus grave que celle d’un enfant, mais je suis content du résultat.
Vous faites non seulement Titeuf, mais aussi Hugo. Comment faites-vous ? N’y a-t-il pas risque de schizophrénie ?
C’est un défi ! Le sommet c’est de les faire parler sans faire de pistes différentes… C’est un rêve de dialoguer avec soi-même ! Bon, ça ne marche pas toujours. Hugo et Titeuf sont opposés. Titeuf est léger, Hugo lourd, ce n’est pas trop compliqué. Même mes amis ne remarquent pas que c’est moi dans le rôle d’Hugo. Vous savez, j’ai même fait des essais pour Manu… Mais ce n’est pas évident de faire une troisième voix…
MÉLANIE BERNIER – Nadia
Mélanie Bernier, qu’avez-vous appris lors de cette première expérience de doublage ?
Cela implique un rapport différent au travail. Une liberté différente. C’est assez intéressant de manipuler sa voix. La justesse du ton passe par autre chose. On bouge avec tout son corps pour obtenir un effet.
Le travail de doublage demande-t-il une imagination particulière ?
Je crois qu’on peut se permettre beaucoup plus de choses. Non dans la caricature, mais dans la folie. On module sa voix. Par moments, on fait une tête pas possible. Mais peu importe, c’est comme si on travaillait avec un masque.
Faire une voix de petite fille, c’est difficile ?
Non, je ne crois pas. Il faut faire attention à ne pas être caricaturale ou débile. C’est un univers particulier, l’univers de Zep, de Titeuf. On peut essayer plein de choses. La difficulté, c’est que les enfants adorent Nadia. Ils imaginent sa voix. Il y a le risque de les décevoir, car elle n’a pas la même voix que dans les livres, où le lecteur entend sa voix intérieure. C’est la grande force de la littérature…
Quelle a été votre source d’inspiration pour la voix de Nadia ?
Je ne sais pas vraiment. Elle est venue toute seule. Je connaissais Titeuf, j’ai lu les livres, je les adore.
Découvrez l’interview de ZEP, réalisateur du film, ainsi que l’interview de Jean-Jacques Goldman pour la bande son du film.