Daniel Auteuil s’attaque aux relations père/fille dans la comédie familiale « 15 ans et demi »

Image extraite du film 15 ans et demi.
© 2008 Gaumont 

Entretien avec Daniel Auteuil, qui s’improvise papa d’adolescente dans une comédie familiale qui revisite le genre.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de participer à ce projet ?

La première fois que Patrice Ledoux, le producteur, m’a parlé du projet, il m’a dit qu’il s’agissait d’une comédie sur les rapports d’un père et de sa fille, ce qui a tout de suite éveillé mon intérêt. J’ai ensuite rencontré François et Thomas et j’ai beaucoup aimé leur façon d’envisager les choses, mais ce qui a achevé de me convaincre, c’est le scénario. Déjà à l’écrit, il y avait un vrai potentiel, aussi bien en terme de situations que d’émotion. C’était aussi pour moi une façon de retrouver l’esprit de mes comédies de jeune homme, avec une vraie bonne humeur et des sujets dans l’air du temps. Le thème du film est intemporel, éternel, universel, mais vu par des jeunes gens qui font du cinéma comme on le fait aujourd’hui. Ils ont leur rythme, leur ironie, leur tendresse, ils vont plus loin et finalement leur rire dit beaucoup de choses. A leur façon, ils réinventent le genre.

L’histoire n’est pas seulement celle du père. Le point de vue de sa fille existe aussi beaucoup…

C’était l’un des points forts du scénario. C’est effectivement l’histoire du père mais aussi celle de sa fille. Il était donc possible de porter un double regard sur cette histoire, celui des ados qui vont découvrir pourquoi leurs parents angoissent, et celui des parents qui vont se rappeler pourquoi les plus jeunes vivent cela comme une entrave ! L’histoire ne parle pas d’un fossé entre les enfants et les parents, il s’amuse d’un décalage entre les différents points de vue. C’est quelque chose que tout le monde a vécu, ou vivra ! Ce n’est qu’une question de temps.

Quel regard portez-vous sur ce rapport père/fille ?

J’ai deux filles dont une a bientôt quinze ans. Alors forcément le personnage me parle, mais le sérieux de cette génération me surprend. Je trouve que les parents imaginent beaucoup plus de bêtises que ce que les enfants font réellement. Évidemment, il y a des exceptions ! Je me retrouve cependant sur le côté décalé, sur l’incompréhension qui peut exister. Je crois que ce qui nous perd, nous adultes, c’est l’évolution des moyens. Pour nous, la notion de liberté n’incluait pas le portable, MSN et tous ces outils extrêmement puissants dont on peut faire le pire ou le meilleur. Nous n’avons jamais expérimenté ce dont nos enfants disposent. Et cette course existe depuis toujours : mes parents n’allaient pas en boîte, nos arrière-grands-parents n’allaient même pas au bal. Tout évolue ! C’est l’histoire du monde. Entre parents et enfants, il y aura toujours une époque d’écart.

Image extraite du film 15 ans et demi.
© 2008 Gaumont 

Avez-vous des points communs avec votre personnage ?

A chaque fois je pars du principe que le personnage, c’est moi. C’est plus simple. Je mets un costume, tout en m’accrochant à ma personnalité. Philippe Le Tallec et moi avons énormément de points communs. Le principal est cette projection dramatique que je peux faire sur les événements. J’ai moi aussi des visions angoissées de ce qui peut survenir. J’imagine toujours qu’un bus va débouler et écraser ceux que j’aime ! Après, il y a la vie et il faut s’y frotter !

Comment avez-vous travaillé avec Juliette Lamboley ?

Je ne confonds jamais cinéma et réalité mais ses réactions, son sérieux et son innocence me renvoient à ce que je connais de mes propres enfants. Les ados qui ont une vie privilégiée et heureuse ont conscience du monde dans lequel ils vivent tout en restant ouverts aux autres, curieux, sans égoïsme. En même temps, Dieu merci, ils ne loupent jamais une occasion de rigoler ! Juliette est une comédienne qui promet. Elle donne le sentiment d’être assez sûre d’elle, elle est toujours précise, extrêmement juste et inventive. Elle a toutes les qualités requises pour faire quelque chose de vraiment bien dans ce métier.

Et vos autres partenaires ?

J’ai découvert François Damiens dans une scène de OSS 117. C’est un acteur délirant, très drôle et un peu fragile parce que débutant. Ce qui est beau dans sa fragilité, c’est qu’il a l’inconscience d’oser des choses énormes. J’ai fait ça et je le fais toujours, parce qu’on n’a pas le choix ! Je connaissais Lionel Abelanski pour l’avoir vu souvent au théâtre et au cinéma. J’aime son espèce de naïveté un peu exacerbée alliée à une façon de regarder les événements avec distance et humour. C’est un charmant camarade. J’aime beaucoup le personnage de Julie Ferrier. Elle lui apporte énormément. Chacune de ses apparitions est géniale. Elle est le chaînon manquant entre l’ado et l’adulte. Dans le film, tous les rôles sont importants, et même si je n’ai pas énormément de scènes avec François Berléand, elles ont été savoureuses. Il campe un Einstein très concret !

Vous alternez les genres et les registres comme peu sont capables de le faire. Quelle place a ce film pour vous ?

Ce film est important pour moi. J’aime son énergie, son rythme, son humour, il est bien dans son époque. Il y a eu LA GIFLE, LA BOUM et maintenant, sur la relation fille/père, il y a 15 ANS ET DEMI. Je remarque quand même qu’avec le temps, l’âge des « problèmes » arrive de plus en plus tôt ! François et Thomas ont apporté une vraie fraîcheur et un point de vue qui débouche les horizons. Ça fait du bien. Parents et enfants peuvent aller voir le film ensemble et se trouver joyeusement réunis par tout ce qui les sépare. C’est plutôt pas mal, non ?

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