“Paris, est le symbole des rêves les plus fous, surtout en ce qui concerne les métiers de l’art.” L’humoriste Malik Bentalha se confie sur son interprétation du rôle de Victor dans Ballerina.
VICTOR, AVENTURIER DE L’ART PERDU
C’est le meilleur ami de Félicie et l’instigateur de leur fuite à Paris. Il veut devenir le plus grand inventeur du siècle. C’est un rêveur. Il a du bagout, beaucoup de charme. Il est touchant, très sentimental aussi : il essaye constamment d’impressionner Félicie en réparant les objets qu’elle casse, espérant secrètement qu’elle voie en lui plus qu’un bon copain. Félicie impressionne Victor parce qu’elle est beaucoup plus rebelle et casse-cou que lui. La scène du train est l’une des mes préférées : Victor et Félicie se sont réfugiés dans un wagon après leur fuite de l’orphelinat : ils sont en route pour Paris ! Il la serre contre lui, toujours sur le fil du rasoir, tendre et rassurant. J’aime que Victor cultive sa folie, l’envie de révolutionner artistiquement la société. Il innove sans cesse ; il est fou-fou, impulsif alors que je suis beaucoup plus casanier, tranquille et réfléchi. C’est un rôle de composition ! BALLERINA s’adresse aux filles autant qu’aux garçons. Pendant que Félicie travaille ses pointes. Victor vit d’incroyables péripéties dans la capitale, dont une nuit de déboires solitaires et d’incroyables expérimentations avec son nouvel ami Mathurin.
PARIS À TOUT PRIX
Victor et Félicie ont soif de liberté. Paris, c’est un champ des possibles inépuisable. Certains rêvent de province, de pays étrangers, de New York ou Londres : moi, je suis comme Victor, un éternel amoureux de Paris. Quand je suis arrivé dans cette ville, c’était avec la conviction folle de devenir humoriste et j’y suis arrivé. Paris, est le symbole des rêves les plus fous surtout en ce qui concerne les métiers de l’art. Paris, c’est aussi la capitale du romantisme. À travers la reconstitution d’époque, des décors sublimes, BALLERINA renoue avec cette magie. La tour en construction de Gustave Eiffel, c’est à la fois un champ d’action pour Victor et le théâtre de rivalités amoureuses. Félicie, Victor et Rudy vont s’y croiser lors d’une scène mémorable. Ce Rudy est le pire cauchemar de Victor : il est imbu de sa personne, c’est le futur grand danseur étoile, un Russe, un blond avec de l’allure alors que Victor est brun, petit et manque de classe par certains aspects. Félicie est éblouie par Rudy qui en fait des tonnes et prend de plus en plus de place dans sa vie. Si j’avais été à la place de Victor, je sais ce que j’aurais dit pour emballer Félicie. En une phrase. Celle d’un célèbre chanteur de la fin du XVIIIe : « Alors, on danse » (rires).
INVENTE TA VIE
Victor a raison de persévérer : il a un don ! Travailler avec Gustave Eiffel est un rêve qu’il concrétise. Il a trouvé son mentor, lui aussi. Ce thème de la filiation évoque des choses très personnelles : dans mon métier, on est souvent adoubé par nos pairs et c’est de cette manière qu’on progresse. Dans le passé, j’ai eu la chance de croiser le chemin de gens comme Jamel Debbouze et Gad Elmaleh. C’est un privilège d’avoir face à soi des exemples de réussite, des modèles dont on s’inspire ensuite pour s’inventer, se trouver soi-même.
BRICOLO… MAIS PAS TROP
À l’âge de Victor, je voulais être astronaute, puis pompier, médecin et footballeur. Mac Gyver était une de mes séries préférées, je chantais tous les jours le générique. Si seulement on m’avait dit à l’époque qu’inventeur était un vrai métier… Il n’y a aucun regret car j’étais très mauvais bricoleur et ça ne s’est jamais arrangé. Au point que mon père me répétait : « Fais quelque chose de ta tête, car avec tes mains ça va être compliqué ». À travers Victor, je me suis un peu vengé ! En revanche, je n’aurais jamais pu faire carrière à l’Opéra : lorsque j’essaye de danser, on se moque de moi, je ne sais pas bouger. D’ailleurs, mon corps est en location. Si je peux le revendre au plus vite, ça m’arrangerait (rires). Quand je suis sur scène, c’est différent : quoi de mieux pour un humoriste d’avoir à bouger quand son corps le refuse. Je suis en lutte permanente contre lui.
JUSQU’AU BOUT DU RÊVE
BALLERINA montre à quel point c’est important de s’accrocher à ses rêves. Et surtout qu’il est possible d’en faire sa réalité. C’est la trajectoire que j’ai suivie bille en tête, avec cette part d’insouciance que partagent Félicie et Victor. Les deux héros du film quittent l’orphelinat. A 18 ans, je suis monté à Paris, un peu contre l’avis de mes parents, sans avoir pleinement conscience de la portée de mes actes. Nous avons tous les trois en commun l’idée folle de conquérir le monde et la volonté de ne rien lâcher. Cette étape de l’existence est charnière. Quand on est adultes, les problèmes et les responsabilités nous rattrapent et nous contraignent chaque jour davantage. L’élan spontané et la poursuite des idéaux sont difficiles à retrouver…
DOUBLE JE
La voix de Victor est proche de la mienne. J’en ai facilement trouvé la tonalité ; ce sont les intentions qui étaient plus délicates à définir. C’est sans doute pour cette raison que BALLERINA a été le film le plus compliqué pour moi à doubler. Passer d’un état à un autre en s’adaptant au rythme de l’animation est un exercice d’acrobatie. Le personnage de Victor est souvent en ruptures, il passe de la joie à la déception en quelques répliques… surtout lorsqu’il déçoit Félicie ! Je suis humoriste, je viens de l’improvisation, elle me nourrit chaque soir sur scène mais sur BALLERINA, il y avait un cadre à respecter. On a eu la chance de pouvoir adapter certains dialogues à notre sauce, ajouter de petites vannes… mais je me suis contrôlé pour ne pas en rajouter au niveau de l’impro. J’espère que BALLERINA va redonner l’envie à toutes les générations d’inventer, de partager jusqu’à la plus petite création. A travers l’idéal que représente Eiffel aux yeux de Victor, le film délivre un joli message sur l’accomplissement de soi.
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