La parole des scientifiques vient compléter le documentaire « Océans »

Image extraite du film Océans.
© 2011 Pathé Distribution

Différents scientifiques s’expriment sur la situation catastrophique de la biodiversité et rappellent à quel point les images du documentaire Océans sont nécessaires pour nous rapprocher du vivant.

“L’OCÉAN EST LE SANG DE LA VIE ET LE LIEU DE NAISSANCE DE TOUTE VIE SUR LA PLANÈTE”

Quand j’étais enfant, je pouvais rester des heures au-dessus des golfes rocheux du nord-est du Canada, fasciné et émerveillé par les mouvements de la houle, les hurlements des déferlantes de l’Atlantique nord. De même que les déferlantes viennent s’écraser sur le sommet des rochers, j’ai senti et j’ai su alors que ma vie serait pour toujours intimement mêlée à l’océan. Aujourd’hui je réalise que beaucoup ne sont pas conscients de cela : nous sommes tous intimement liés à l’océan. 

L’océan est le sang de la vie et le lieu de naissance de toute vie sur la planète ; si la diversité de la mer diminue, nous mêmes en subirons les effets, si l’océan venait à mourir, nous mourrons tous. Vous pouvez appeler notre planète la Terre, mais la réalité est que la plus grande partie de la surface de notre globe est recouverte par le mystérieux manteau sombre et bleu de la mer. Il y a très peu de réalisateurs de films qui ont cette sensibilité, ce regard exceptionnel pour voir, reconnaître et découvrir le monde sous-marin où vit une immense diversité d’espèces fascinantes partageant cette magnifique planète avec nous. Seul un producteur tel que Jacques Perrin, avec son talent et son expérience pouvait, par le puissant média du cinéma, nous offrir ce monde extraordinaire.

Mon fervent espoir est qu’Océans puisse aider à motiver et à prendre conscience à quel point nos océans sont précieux et combien la protection de la mer est une cause majeure. Que les civilisations futures, que les humains qui nous suivront, protègent les poissons et les baleines avant leur disparition.

« OCÉANS AU SECOURS DE LA RECHERCHE SUR LA BIODIVERSITÉ”

Le financement public de la recherche sur la biodiversité reste dérisoire par rapport aux moyens consacrés à la recherche dans les autres disciplines, et ce dans la plupart des pays. Les enjeux sont pourtant essentiels. Ainsi, on sait aujourd’hui que les réglementations mises en œuvre lorsque les populations de morue ont commencé à s’effondrer au cours des années 60 au large de Terre Neuve étaient inadéquates, et ce faute de connaissances scientifiques suffisantes. En outre, il n’y avait à l’époque aucune interaction entre biologistes et économistes. Les stocks ne se sont toujours pas reconstitués malgré l’arrêt de la pêche dans la zone considérée en 1992. Or, récemment, en travaillant ensemble, des experts de ces deux disciplines ont montré qu’il est possible de développer une nouvelle réglementation en élargissant la zone à considérer, ce qui prend en compte le fait que l’espèce est migratrice. Les nouveaux modèles pour cette réglementation permettraient d’assurer un revenu financier conséquent et durable, tout en préservant évidemment la ressource…

Cette analyse peut bien sûr être étendue à de nombreuses autres espèces, comme par exemple le thon rouge, mais on voit bien que la clé est un approfondissement de nos connaissances scientifiques. Le Septième Art constitue l’une des plus belles formes d’expression pour sensibiliser le grand public à l’enjeu majeur que constitue la préservation des océans pour les générations futures. Puisse Océans de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud servir également d’électrochoc pour que les pouvoirs publics prennent enfin la mesure de l’urgence.

« OCÉANS NOUS OFFRE AUSSI UNE LUEUR D’ESPOIR”

Il y a plus de 20 ans J. Y. Cousteau affirmait déjà : “il faut arrêter les discours catastrophiques sur l’écologie, c’est en les émerveillant que l’on convaincra les gens de l’importance de protéger notre planète”. Depuis, le talent des réalisateurs, les performances technologiques, le développement des médias, nous délivrent des images toujours plus exceptionnelles, nous rapprochent sans cesse des mystères les plus intimes de la nature et nous époustouflent par la créativité, la diversité et l’abondance que la vie a su créer sous la surface des océans.

Pourtant, le film Océans vous fera franchir de nouvelles limites et vous entraînera au-delà de ce que vous pensiez possible à la découverte des splendeurs océanes. Mais alors, si le monde est tellement magnifique, pourquoi est-il tellement urgent de changer nos comportements ? Quelles sont ces catastrophes qu’on nous annonce ? Là est le piège : ces merveilles qu’on nous montre ne doivent pas désamorcer l’urgence et la gravité. Car nous sommes lancés à grande vitesse sur une autoroute au long de laquelle défilent les panneaux “Trop tard !”. Le panneau “Trop tard pour le thon rouge” est tout proche, celui « Trop tard pour les requins » est juste un peu plus loin, nous venons de dépasser le panneau “Trop tard pour les ours blancs” mais nous n’avons pas eu le temps de le lire, un moment d’inattention aura suffi.

Ce piège, le film Océans le déjoue parfaitement et nous rappelle que la richesse et la diversité qui étaient la règle sont devenues l’exception au sein de quelques sanctuaires épargnés. Il nous offre aussi une lueur d’espoir. Il n’est pas encore trop tard partout et pour tous, mais il faut faire vite et fort ! C’est ce que nous essayons de faire au WWF depuis de longues années et avec l’aide de tous. Dans cette entreprise le film Océans est un puissant allié que nous accompagnerons avec enthousiasme car nous sommes sûrs qu’il grossira les rangs de ceux qui tentent d’endiguer l’aveuglement et l’irresponsabilité de l’humanité, et ils ne sont jamais trop nombreux !

“OCÉANS, ÉCLOSION DE NOTRE PRISE DE CONSCIENCE…”

Conscience du fabuleux trésor qu’est la diversité de la vie, jaillissante ou cachée, imposante ou ténue, agressive, tendre, parfois pudique. Conscience des liens intimes qui font de nous, homo sapiens, une espèce pas comme les autres, mais néanmoins partie intégrante du monde vivant : dépendants et solidaires. Conscience enfin de l’incroyable pouvoir qu’est le construire… mais aussi de détruire. C’est sur ce principe de solidarité et cette volonté de “construire” que nous avons créé l’association Planète Mer afin de préserver la vie marine et les activités humaines qui en dépendent. Protéger la vie, protéger les vies. Replanter des milliers d’hectares de mangroves, restaurer les récifs coralliens, reconstituer les stocks de pêche, sauver les espèces en danger et rétablir l’équilibre entre activité humaine et respect des océans, ce sont autant de projets magnifiques à mettre en œuvre partout dans le monde. Il n’y a aucune place au pessimisme, bien au contraire. Imaginer le monde de demain et le construire sur une nouvelle relation à la vie sous toutes ses formes, c’est un formidable enjeu de générations : pour celles d’aujourd’hui et celles de demain.

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