« Mia et le Lion blanc » : Mélanie Laurent témoigne de son expérience en Afrique du Sud

Photo Mélanie Laurent avec le Lion blanc
© 2018 Studiocanal GmbH / Patrick Toselli

L’actrice Mélanie Laurent nous raconte l’incroyable aventure qu’elle a vécue en Afrique du Sud pour le tournage de Mia et le Lion blanc. Elle raconte notamment avoir gardé des cicatrices de lionceaux pendant plusieurs mois après la fin du tournage.

Comment avez-vous choisi ce projet ?

Ça s’est passé assez vite. J’ai rencontré un scénario. J’ai imaginé des lions, un tournage en Afrique du Sud, cette expérience très singulière… J’ai beaucoup aimé l’histoire et je trouvais important de parler de ce sujet, du massacre de ces lions. Un massacre particulièrement dégueulasse et injuste : quand les touristes visitent ces élevages, ils ne se doutent pas que les lions sur lesquels ils s’attendrissent seront ensuite vendus à des chasseurs.

Le lion est donc une espèce en danger ?

Oui. Je ne savais pas qu’il en restait si peu à l’état sauvage. Je ne savais pas qu’on pouvait faire des deals même dans des sites protégés, et laisser entrer des chasseurs dans des réserves, droguer les animaux et les tuer.

Tourner un film sur trois ans, c’était comment ?

C’était génial ! D’abord parce que c’étaient de petites sessions. Ensuite, nous étions une toute petite équipe, qui est devenue comme une seconde famille. Nous avions ces petits rendez-vous magiques chaque année. Gilles me faisait des vidéos pendant l’année, mais quand même, ça faisait drôle : je débarquais, la maison avait changé, les enfants avaient grandi, les lions avaient grandi et moi… j’avais vieilli (rires).

Copyright Coert Wiechers – Galatée Films-Outside Films

Parlez-nous de votre personnage.

Moi je suis la maman française de tout ce grand bazar, qui accepte par amour de venir vivre en Afrique du Sud, alors que ce n’est pas du tout ce dont elle a envie. Notre famille arrive de Londres et se retrouve dans une maison un peu délabrée, avec beaucoup de choses à faire.

Et Mia, votre fille dans le film, quel est son parcours ?

Ce qui est intéressant, c’est que lorsqu’on la rencontre, elle a 11 ans : c’est encore une enfant, mais déjà très rebelle. Elle noue un lien avec ce lion qui va la dépasser complètement. Elle devient mère elle aussi, en quelque sorte, et se retrouve dans un rapport passionnel et une envie de protéger cet animal, quitte à se mettre en danger elle, et à mettre en danger sa famille. C’est très beau.

Comment s’est passée votre rencontre avec les lions ?

J’ai des souvenirs de griffures pendant des mois car les lionceaux vous lacèrent les bras… Mais je ne sais pas s’il y a plus mignon au monde qu’un bébé lion blanc…

Kevin Richardson murmure-t-il réellement à l’oreille des lions ?

Mieux que ça : Kevin, il est mi-homme, mi-lion. Il prend aussi des bains dans les rivières avec les hyènes. À partir du moment où il nous dit qu’on peut faire quelque chose, on ne se pose pas de question, on y va. C’était un peu le pari du film : faire tourner les acteurs, sans doublure. Je me souviens d’une scène, l’année dernière, où le lion était là, déjà grand, il avait une crinière, et il grimpait sur la table de la cuisine où nous étions en train de manger ! Vous tournez la scène, mais bon, vous n’en menez pas large !

Pour autant, le tournage s’est effectué dans des conditions particulièrement agréables, non ?

Oui, car, du fait que nous étions une toute petite équipe, tout le monde mettait la main à la pâte. On ne savait même pas toujours quand ça tournait. On improvisait beaucoup, on jouait avec nos propres peurs, on tournait très rapidement, sur le vif, car on dépendait des animaux et on voyait des choses extraordinaires en permanence. Et je crois que l’on n’aurait jamais obtenu ce genre de choses si on avait pris le temps de régler les scènes de façon traditionnelle. On avait un réalisateur qui filmait en même temps que nous on dansait et c’est une danse qui a duré trois ans. Un ballet autour des lions.

Comment s’est passé le travail avec Gilles de Maistre ?

Il avait quand même à gérer et des lions et des enfants, en plus des adultes, mais on ne sent jamais le stress chez lui. Il sait exactement ce qu’il veut et obtient des choses assez extraordinaires. C’était un peu le rêve, ce tournage. Quand je serai vieille, je pourrai dire « j’ai tourné avec des lions en Afrique du Sud pendant trois ans et on a vu ces lions grandir ».

Le message sur la protection animale, c’est une dimension du projet à laquelle vous étiez sensible ?

J’adore quand un film pour enfants, dessin animé ou pas, permet de parler d’un vrai sujet avec eux après coup. Quand je pense à ces chasseurs qui posent en couverture de magazine avec une girafe morte à leurs pieds, ou à ce dentiste américain qui est allé tuer un lion, à ces gens qui paient 50 000 euros pour avoir la possibilité d’abattre un animal sauvage à trois mètres, je me demande quelle enfance ils ont eue. Quand vous êtes parent et que vous emmenez vos enfants voir ce film-là, vous avez une démarche militante pour que les choses changent.

Votre meilleur souvenir ?

On était en voiture, on traversait sur un petit pont, il y avait des girafes d’un côté, des hippopotames de l’autre et, tout à coup, dans le bush, ça s’est mis à bouger : un éléphanteau est apparu, puis quinze qui ont traversé devant nous. Je ne pouvais plus m’arrêter de pleurer. On se sent tout petit devant tant de beauté. C’est important de se détacher un peu du tournage pour aller vous charger de certaines émotions, car tout ça se fraye un chemin dans votre performance.

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