Le réalisateur, Lino DiSalvo, et le scénariste, Blaise Hemingway, s’expriment à travers cette interview sur le projet du film Playmobil.
Le réalisateur, Lino DiSalvo.
Grâce à ce projet, Lino DiSalvo s’est replongé dans ses souvenirs d’enfance avec ses jouets préférés : « Les Playmobil vous permettent de faire remonter à la surface vos premiers souvenirs », dit-il. « Ce sont comme des machines à remonter le temps qui vous stimulent. J’ai eu l’idée du film en revenant dans la maison où j’ai grandi et en redécouvrant les jouets de mon enfance. Je me suis souvenu que j’adorais ces jouets et que je prenais un plaisir fou à me plonger dans des aventures que j’inventais. »
DiSalvo, qui a été chef de l’animation sur LA REINE DES NEIGES, et superviseur animation sur VOLT, STAR MALGRÉ LUI et RAIPONCE, a été enchanté de mettre toute son expérience au profit du monde féerique des Playmobil. En repensant aux quatre dernières années, il déclare : « La fabrication du film a été extraordinaire. J’ai eu l’occasion de collaborer avec une formidable équipe qui a eu foi en ces personnages et cette intrigue, et j’ai eu la chance d’avoir des chansons magnifiques qui accompagnent l’histoire et la font avancer. Quel bonheur, une fois le film achevé, d’écouter un orchestre interpréter les chansons qu’on a imaginées pour des personnages qui n’étaient encore que des esquisses il y a quelques années ! »
Grâce à son long passage chez Disney, DiSalvo a appris l’importance des recherches. « J’ai deux enfants, une petite fille de 2 ans et demi, et un petit garçon de 5 ans et demi », reprend-il. « Nous avons énormément de jouets à la maison, et notamment des Lego et des Playmobil ! Ils apprécient les deux, mais n’y jouent pas du tout de la même façon. Je dirais que les Lego sont à la construction ce que les Playmobil sont au jeu de rôle. Je tenais à transposer cette idée dans le film étant donné que Marla est littéralement transformée en jouet et projetée dans un univers féerique ».
Au final, DiSalvo est heureux que le film soit à la fois émouvant et sincère, tout en étant drôle et divertissant. « C’était fondamental d’embarquer le spectateur dans un périple émotionnel », ajoute-t-il. Si PLAYMOBIL se distingue de la plupart des films d’animation, c’est aussi parce que les personnages traversent plusieurs univers. L’occasion pour DiSalvo et ses collaborateurs de jouer avec divers genres cinématographiques. « Nous avons pu passer d’un genre à l’autre dans la deuxième partie du film », détaille le réalisateur. « Quel que soit le genre de film qu’on aime — western, fantastique, science-fiction, comédie musicale — , on y retrouve des métaphores qui nous parlent. On s’est servi de ces métaphores comme dispositif comique. Tandis que les personnages voyagent d’un univers à l’autre, on a adopté la grammaire cinématographique, le jeu d’acteur et les dialogues propres à chaque genre et on a joué avec les codes ».


Le scénariste, Blaise Hemingway.
Ce qui m’a séduit dans ce projet, c’était la possibilité de s’imprégner des acquis de l’enfance », signale le scénariste Blaise Hemingway. « On a confronté un jeune personnage, capable de créer des univers et de puiser dans son imagination, à quelqu’un qui n’a jamais disposé d’un tel pouvoir. On avait la possibilité de jouer avec les différents univers, drôles et absurdes, des Playmobil qui suscitent la réflexion et permettent de s’interroger sur le passage de l’enfance à l’âge adulte ». Hemingway, grand fan d’E.T., L’EXTRATERRESTRE et d’autres films familiaux des années 80 signés Steven Spielberg, était convaincu que le projet tombait à point nommé lorsque les producteurs ont sollicité Lino DiSalvo pour le réaliser.
« À mon sens, ces films savaient formidablement trouver ce qu’il y a de magique dans les situations les plus banales », dit-il. « Quand on pense au monde des jouets, et particulièrement aux Playmobil, on voit qu’ils attendent qu’un enfant vienne jouer avec eux et en révèlent la magie. Les Playmobil sont d’une telle richesse qu’ils se prêtaient idéalement à un film familial. DiSalvo et Hemingway ont la même affection pour le cinéma populaire des années 80. « Lino et moi sommes amis et on vient tous les deux de la Côte Est des États-Unis », remarque le scénariste. « On parle le même langage et les mêmes films nous touchent. Quand on discutait de l’intrigue, on passait en revue nos films de chevet et nos scènes préférées.
Selon Hemingway, l’animation des figurines Playmobil en plastique a été libératrice. « Les limites propres à ces petits personnages sont justement ce qui les rend si amusants », indique-t-il. « Par exemple, c’est d’autant plus drôle de voir un personnage projeté dans cet univers qu’il se retrouve avec des mains en forme de pince, dont on ne peut pas distinguer les doigts. Marla doit affronter des problèmes qu’elle n’a pas l’habitude de régler sans l’usage de ses doigts, ou avec une telle raideur dans les bras, ou toutes ces contraintes liées aux Playmobil. À mon avis, c’étaient là des défis en matière d’animation qui ont nourri l’intrigue et en ont accru la drôlerie ».