L’actrice Camille Cotin, qui a toujours rêvé d’être une danseuse, réalise une part de son rêve en donnant sa voix à Félicie dans Ballerina.
FÉLICIE, L’ÉTOFFE D’UNE HÉROÏNE
Pour cette petite orpheline, devenir danseuse étoile est toute une aventure qui la conduit de Bretagne jusqu’à l’Opéra de Paris. Elle a un tempérament extraordinaire, elle ne renonce devant rien : c’est un moteur qui lui fait surmonter des obstacles qu’on penserait infranchissables. Dès qu’elle a un coup dur, elle se relève et continue d’aller de l’avant. Je suis tombée amoureuse du personnage. Félicie est une héroïne du quotidien et de l’extraordinaire, une adolescente moderne ! Elle a quelque chose du personnage de Mulan qui m’avait déjà beaucoup émue : c’est une guerrière, une fille qui a du cran et suffisamment ingénieuse pour s’imposer, quitte à se faire elle-aussi passer pour quelqu’un d’autre.
L’INSTANT CAPITALE
Quand j’ai vu les premières images du Paris réinventé, j’étais sous le charme. C’est à la fois riche de mille détails réalistes et totalement magique. Est-ce que, pour autant, j’aurais aimé vivre à cette époque, sans Uber ni iPhone ? Le temps d’un film, oui (rires). Le Paris de Gustave Eiffel est le cadre idéal pour le côté romantique de l’histoire, car il y a un vrai triangle amoureux. Deux garçons en pincent pour Félicie. D’un côté, Victor qu’elle considère comme son meilleur ami. De l’autre, Rudolf, Le prince russe qui danse merveilleusement mais qui est un peu trop gominé pour être honnête. Au départ, Félicie a tendance à se laisser subjuguer par Rudy (le petit nom de Rudolf), parce qu’il fait partie de son univers artistique. Mais Victor a de la ressource et pourrait se faire plus charmant que le prince…
LA SCIENCE D’UN RÊVE
Au début du film, la mère supérieure de l’orphelinat explique à Félicie que « Les rêves ne sont pas la réalité. La vie est sans pitié ». Ça la bouleverse mais ne la stoppe pas. Elle va trouver dans ce quotidien tout ce qui peut approcher son idéal. C’est la passion qui permet de nous accrocher, de tenir bon, parfois très longtemps ! Le rêve, c’est aussi une question d’imaginaire et le film regorge de scènes spectaculaires. Victor ne désespère pas d’inventer une machine qui vole et le résultat est… singulier. Félicie et lui sont entraînés dans des courses poursuites totalement dingues ; il y a des moments de bravoure, des pointes de loufoque, tout ce que l’univers de l’animation peut se permettre. BALLERINA mélange le conte de fée, le récit d’apprentissage, l’aventure. C’est intelligent, moderne, sensible, plein d’humour et renversant d’un point de vue technique.

DANSE TA VIE
BALLERINA est avant tout une « success-story ». Je me suis beaucoup identifiée à Félicie ; toutes les jeunes filles vont avoir envie de lui ressembler. Moi, je rêvais d’être comédienne depuis l’enfance : aujourd’hui, je suis heureuse de pouvoir faire ce métier. C’est parce que Félicie est pleine d’amour et de bienveillance qu’elle atteint ses objectifs. Félicie est belle dans son rapport aux autres. C’est une bosseuse acharnée qui ne cherche à faire de mal à personne pour s’accomplir : un vrai modèle d’humanité et de persévérance ! Au cours de l’histoire, Félicie va aussi faire une rencontre déterminante : celle d’Odette, qui travaille comme femme de ménage à l’Opéra et qui cache un secret. J’ai adoré l’idée qu’elle devienne à la fois son mentor et une mère de substitution. Elle va lui donner l’amour, l’exigence de la danse et les repères qui manquaient à l’orpheline. Grâce à cette femme, Félicie est amenée à se poser les bonnes questions : Jusqu’où peut-on aller pour réaliser ses rêves ? Quels sacrifices cela implique-t-il ? Comment y parvenir tout en restant fidèle à soi-même et intègre ?
DOUBLER, C’EST BIEN JOUER
C’est un exercice que j’avais déjà pratiqué mais pas sur un film d’animation. Le doublage d’une héroïne de fiction, c’est une première pour moi. J’ai moi aussi rêvé d’être danseuse mais je n’avais pas la technique : c’est un rôle que l’on ne m’aurait jamais proposé pour de vrai alors doubler Félicie a été une opportunité en or. J’étais très excitée par l’aventure puis je me suis rendue compte à quel point c’était difficile : on cherche, on tâtonne jusqu’à trouver le déclic où l’on se sent vraiment dans la peau et la voix du personnage. La sincérité est la clé : il ne s’agit pas de trafiquer sa voix mais de coller à l’image, aux expressions parfois extrêmes, délirantes d’un personnage de dessin animé. On se laisse guider par l’émotion, la force des enjeux humains et la profondeur de l’histoire. Techniquement, je me demandais aussi comment rendre le souffle, les modulations de respiration lorsque Félicie danse ou répète à la barre. Dans le film, elle a un parcours très physique mais j’ai naturellement trouvé ses cris d’efforts, ses essoufflements, ses onomatopées. Tout était très ludique, spontané alors qu’en général, c’est un cauchemar pour les doubleurs.
LE FEU ET LA GLACE
Camille et Félicie sont comme deux reflets du métier d’artiste. La première, grande rivale de l’héroïne, est une technicienne hors pair ; la seconde est animée par la passion. La pauvre Camille n’est pas gâtée : elle est oppressée par une mère monstrueuse qui ressemble à un mort-vivant (rires) et passe pour une sale peste. Le scénario a la joliesse de nous révéler peu à peu la tristesse de Camille, manipulée au point de ne pas s’être demandée ce qu’elle veut vraiment faire de sa vie. Il y a une question récurrente dans l’histoire : celle qu’Odette pose à Félicie tout au long de son entraînement. « Pourquoi tu danses ? ». Cela me touche profondément. On sait, dès le départ, que Félicie bouge comme elle respire : elle ne vit que pour ces moments-là, elle est capable de métamorphoser une corvée de vaisselle en chorégraphie de feu ! La question que pose Odette ne peut que déconcerter la jeune fille. Pourtant, ce n’est qu’à la fin de toutes les épreuves et les batailles que Félicie va pouvoir y répondre. Et cet instant de grâce-là, de vérité pure, est très émouvant. Grâce à Félicie, j’ai réalisé le rêve d’accomplir à l’écran un grand jeté. J’attends maintenant l’avant-première du film à l’Opéra pour savoir si j’oserai porter le tutu (rires).
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