Tournage à – 55° pour le film « Loup »

Image extraite du film Loup.
© 2008 MC4 – PATHE DISTRIBUTION – FRANCE 3 CINEMA – TAÏGA / IMAGE : Nicolas Vanier

Le directeur de production du film Loup, Philippe Gautier, revient sur les conditions extrêmes du tournage en Sibérie avec des températures qui frôlaient les -55°.

Installation rocambolesque

“Au début, je me suis retrouvé avec des responsabilités gigantesques et un Nicolas Vanier exigeant qui voulait tourner à mille kilomètres de la première agglomération. Lorsque je suis arrivé avec lui pour les premiers repérages, en septembre, il n’y avait qu’une cabane d’une vingtaine de mètres carrés, avec un poêle et deux étagères servant pour les couchages. J’ai reporté le séjour de certains en décembre, sachant que le tournage était programmé deux mois plus tard. Le lieu n’était pas du tout remis en cause et les Évènes étaient là, à proximité avec leurs troupeaux. Petit à petit, le camp s’est construit avec la complicité de Pierre Michaut, le régisseur. Des wagons ont été conçus à Yakoutsk et transportés par camion sur le site. Une course permanente. Il fallait que les glaces soient suffisamment denses et durcies pour les acheminer. Avant, il n’y avait que la solution des bacs sur la Lena pour transporter nos containers. Ces wagons avaient trois chambres et un système de chauffage à bois si l’électricité venait à faire défaut. Il y avait également des espaces de vie avec restaurant, cuisines, lieux de stockage du matériel de tournage…” 

Conditions extrêmes

“Les communications étaient très difficiles avec des problèmes d’internet permanents. Et puis il y a eu les rapports humains. Imaginez une centaine de personnes les unes sur les autres, isolées de tout et sous des températures extrêmes. Heureusement, certains techniciens avaient l’expérience de ce genre de conditions et j’avais fait en sorte que tout le matériel soit bien préparé en amont. Caméras, câbles, appareils de manutention avait été testés pendant des semaines dans un entrepôt frigorifique à côté de Paris. Tout devenait compliqué au bout du monde. Cet investissement a été justifié puisque pendant l’hiver nous n’avons eu aucun problème de caméra alors que les températures frôlaient parfois les -55°C.”

Des défis permanents

“Travailler dans la difficulté me passionne. J’ai participé à des fictions au Liberia, en Afghanistan, en Haïti. Le travail avec les hommes m’intéresse tout autant que la construction de la production. Dans ce genre de situation, vous dépassez le cadre de votre rôle de directeur de production ; en négociant en particulier au niveau politique et diplomatique, en trouvant des partenaires locaux. Dans un projet aussi complexe que celui de Nicolas Vanier, le défi de construire un camp, de faire vivre une équipe, d’avoir un minimum de confort et de trouver des gens autour de moi capables de prendre des responsabilités pour que le projet existe m’a captivé. Dans les grands froids, aucune faiblesse n’est tolérée. La plus grande satisfaction est d’avoir mené ce projet enrichissant en confiance et en échanges constants avec Nicolas, un homme passionné mais toujours à l’écoute, dans le souci de la production et de la sécurité de tous.”

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