Benoît Poelvoorde, un rôle de méchant dans la comédie « Astérix aux jeux olympiques »

Image extraite du film Astérix aux jeux olympiques.
© 2007 Les Éditions Albert René / Goscinny – Uderzo / Pathé Renn Production / La Petite Reine / Tri Pictures S.A. / Constantin Film / Sorolla Films / Novo RPI / TF1 Films Production

Benoît Poelvoorde, qui joue Brutus dans Astérix aux jeux olympiques, nous raconte ses sensations pour son premier rôle de « vrai méchant » !

Comment définiriez-vous le Brutus que vous jouez dans « Astérix aux jeux olympiques » ?

C’est très simple : je suis le fils de César et je veux devenir César à la place de César. Comme Iznogoud ! Je veux tuer mon père et aussi gagner les Jeux Olympiques pour obtenir la main de la princesse Irina. Je suis donc le méchant !

C’est le premier vrai rôle de méchant que vous faites…

Absolument. Un vrai méchant. Sans circonstances atténuantes. Le méchant assumé. Il est méchant du début jusqu’à la fin. Et bête, très bête. C’est justement ce qui m’a plu. En plus, c’est mon premier film vraiment pour enfants. Il y a longtemps que je rêvais de faire un méchant pour enfants. Ne serait-ce que parce que c’est un défi. Il faut trouver le ton juste, la bonne couleur. Il faut être méchant et en même temps, ne pas faire peur. La difficulté, c’était ça : doser la méchanceté. Parfois, j’ai un peu de mal. C’est ma nature qui ressort, j’imagine !

Quelle a été votre réaction quand vous avez appris que César – votre père donc – allait être interprété par Alain Delon ?

Au départ, j’ai eu un peu peur. Parce qu’il a la réputation de ne pas toujours être facile sur les plateaux. Avant qu’on se voit, je l’avais eu une seule fois au téléphone. Il m’avait appelé pour me féliciter après Podium, et avant de raccrocher il m’avait dit : « Au revoir fiston » ! C’est d’ailleurs comme ça que j’ai appris qu’il avait vraiment accepté de jouer César !

Quelle est la première image de lui au cinéma qui vous vient à l’esprit ?

Les Félins et Plein soleil qui sont deux films que j’adore. Il y en a plein d’autres… Mais heureusement quand je rencontre les gens, je vois la personne et pas l’acteur, j’arrive à faire la part des choses. Sinon vous ne jouez pas ! Si vous vous dites « Ah, c’est l’acteur des Félins ! », vous êtes cuit ! Et avec Depardieu, alors, vous imaginez… Si vous pensez : « Je suis en train de jouer avec Alain Delon et Gérard Depardieu ! », vous devenez spectateur et vous êtes foutu !

Quel est selon vous le meilleur atout de Delon pour jouer Jules César ?

Le premier degré. Il y va franco. Un acteur au premier degré, c’est une force absolue. Quand on lit le scénario, on est impatient de voir Delon jouer ce qu’il a à jouer, dire ce qu’il a à dire, et rire de Delon ou en tout cas d’une image qu’on veut donner de Delon. Le simple fait qu’il accepte de faire le film, c’est la preuve qu’il a de l’humour sur lui-même. Sa plus grande force, c’est d’y aller bille en tête. 

Si vous ne deviez garder qu’une image de Delon dans César ?

Le moment où il est avec le guépard. Alain est quelqu’un d’assez énigmatique. Certains jours, on ne saurait dire s’il est de bonne humeur ou non. Mais avec le guépard, on était frappé de voir à quel point il était tranquille… Il le caressait comme on fait avec un chat, presque inconsciemment. Moi, je ne me serais pas approché à quatre mètres. Et lui, il le caressait et lui donnait à manger ! Entre félins…

Et qu’est-ce qui fait de vous un bon Brutus ?

Ma capacité à jouer les faux culs, les lâches, les traîtres… Je suis premier degré moi aussi sans problème. Et puis c’est facile, dans les scènes avec mon papa, j’ai juste à baisser les yeux, à prendre l’air très agacé et à marmonner !

Votre rôle est assez physique. C’est même peut-être, après « Le vélo » de Ghislain Lambert, le plus physique que vous ayez eu à jouer. Vous avez suivi un entraînement spécial ?

Physique, il ne faut pas exagérer ! Bon d’accord, il y a des cascades, des trucs sur fond bleu où vous êtes pendu au bout d’un câble qui vous flingue le dos, et il a fallu, c’est vrai, que j’apprenne à monter à cheval, mais c’est plutôt le cheval qui a appris à monter avec moi ! J’ai adoré la scène où j’arrive à cheval avec mes soldats au palais de Samagas. Je suis sur le cheval, il est magnifique, et tous les centurions derrière s’arrêtent. Je me la pète, grave ! Cette scène, c’est un rêve de môme ! Je ne l’oublierai jamais.

Il y a aussi une scène où vous vous transformez soudain en Monsieur Muscle…

Ça c’était physique, oui ! Et c’était épouvantable ! Parce que j’avais sur le dos l’équivalent de trois combinaisons de plongée et qu’il faisait 42° à l’ombre, et que je devais quand même courir, danser… Mais ça, c’est parce que je lis mal les scénarios. Quand tu lis « Et là, il devient costaud », tu n’imagines pas qu’il va falloir garder toute la journée une combinaison qui ne laisse même pas respirer la peau ! Déjà, il faut avoir pitié des gens qui portent des barbes, des moustaches ou des perruques, parce qu’elles sont collées et que, lorsqu’il fait 40 °, je peux vous dire que ça gratte. Moi, heureusement, j’avais l’avantage d’avoir fait Podium et d’avoir souffert de ma perruque collée. J’ai donc vu venir le coup et j’ai demandé à ne pas avoir de colle. Les autres en ont, pas moi. Acteur sans colle, c’est ce que je suis !

Quel a été votre sentiment lorsque vous vous êtes vu en jupette ?

Au début, j’ai adoré. Je trouvais que je la portais bien. Mais à la fin, je n’en pouvais plus. Ce n’est pas tant de mettre la jupette qui est désagréable que de devoir se raser les jambes. Il faut se les raser tous les deux jours et comme je ne bronze pas vraiment, la maquilleuse vous frotte les cuisses tous les matins pour qu’elles soient, chaque jour, un peu plus brunes…

Quels souvenirs gardez-vous de la course de chars ?

Je me suis bien marré. J’ai passé trois semaines debout sur le char en tenant les chevaux et en faisant seulement « Ha, ha, ha, ho, ho, ho » ! C’est plutôt cool. Même si j’ai eu peur, à un moment donné, qu’à l’écran ça soit un peu répétitif ! Là, c’est plutôt Fred qui en a bavé. Paradoxalement, j’avais plus peur pour les chevaux que pour moi. C’est la première fois qu’on mettait quatre chevaux sur un attelage, on voyait bien qu’ils pouvaient déraper quand on tournait à la corde, c’était assez impressionnant…

Image extraite du film Astérix aux jeux olympiques.
© 2007 Les Éditions Albert René / Goscinny – Uderzo / Pathé Renn Production / La Petite Reine / Tri Pictures S.A. / Constantin Film / Sorolla Films / Novo RPI / TF1 Films Production

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans le fait de travailler avec Gérard Depardieu ?

J’avais peur d’être déçu parce que je l’admire – il le sait. Pas par l’acteur, ça c’est impossible, c’est chez lui quelque chose d’inné. Une leçon ! Vous pourrez faire toutes les écoles d’acteur que vous voulez, il a un truc que vous n’aurez jamais ! J’avais peur d’être déçu hors plateau, mais au contraire, ça a été formidable. J’aurais aimé avoir d’ailleurs davantage de scènes avec Gérard. C’est un acteur incroyable, il est époustouflant. Il a une grâce infinie. Parfois, vous vous dites « Mais ce n’est pas possible, ce qu’il fait, la caméra va le voir », et puis pas du tout ! Clovis, aussi, m’a beaucoup impressionné.

De quelle manière ?

Astérix est un personnage très difficile, super ingrat. C’est quelqu’un dont on pourrait presque dire qu’il est « ennuyeux ». Il incarne la raison, l’ordre – un peu comme Tintin. Il vaut mieux jouer le capitaine Haddock ! C’est plus facile de faire Brutus que de faire Astérix parce qu’Astérix doit être raisonnable, et que tout ce qu’il a à dire, ce sont des petites phrases de père. En plus, il a beaucoup d’informatif à faire passer. Et pour couronner le tout, Clovis passait là après un acteur qui a déjà joué Astérix deux fois – c’est toujours délicat. Mais Clovis est incroyable. Quand je le regarde jouer, j’ai l’impression de voir Astérix. Ce sera le plus bel Astérix parce qu’il lui ressemble. Clovis, lui, il y croit. Il ne se laisse pas envahir par les doutes, les questions inutiles, les idées parasites. Il travaille, il a une espèce d’assurance qui lui permet de croire en son travail, et aussi une sorte de force intérieure, de volonté, de caractère. Il connaît son cap et ne le perd jamais… Il est impressionnant pour ça.

Vous avez retrouvé une nouvelle fois José Garcia…

Lorsqu’on a tourné la scène où Jojo voit arriver César et qu’il fait un petit bruit étouffé, je n’en pouvais plus de rire ! C’est la troisième ou quatrième fois qu’on joue ensemble et il me fait toujours rire.

Qu’est-ce qui vous frappe le plus chez lui ?

Son rythme ! Il a un rythme incroyable. J’ai beau être son partenaire, jouer avec lui, à chaque fois il me scotche ! On est très clients l’un de l’autre, même si on est de très bons amis dans la vie. On se fait toujours rigoler l’un l’autre. Souvent plus pendant le répétitions que pendant la scène elle-même, heureusement d’ailleurs ! Sur Astérix, nos loges étaient voisines et je l’ai vu, avec ses culs de bouteille sur le nez et ses fausses dents – il a quand même la palme du costume le plus ridicule ! – chercher son personnage, une heure avant de jouer, c’était hallucinant ! Il m’épate encore. Un jour, j’ai voulu lui faire une blague et dans une scène où il était censé manger des asticots, j’en avais mis des vrais dans son bol ! Vraiment un truc de potache. On ne dirait pas que j’ai 42 ans ! Il les a pris dans sa bouche. N’importe qui fait ça, les recrache ! Lui non ! On a quand même fait quatre prises pendant lesquelles il a gardé les vrais asticots en bouche ! C’est pour ça que je suis toujours client de Jojo. J’ai beaucoup aimé aussi jouer avec Elie Semoun et avec Alexandre Astier parce que j’ai pas mal de texte avec eux, et jouer, c’est partager… Et aussi avec Jérome Le Banner. C’est une des plus belles rencontres du film. C’est un garçon qui m’a touché. Non seulement, il ressemble à s’y méprendre à un personnage de la B.D. mais,humainement, c’est un mec formidable, d’une grande gentillesse, d’une grande finesse…

Avez-vous été surpris de retrouver Bouli Lanners en roi grec ?

Je n’ai presque pas de scènes avec lui. Dommage. Ce qui est marrant, c’est qu’on venait juste de se quitter [ils venaient de faire ensemble Cowboy de Benoit Mariage] et après Astérix, je dois faire un autre film qu’il est censé faire aussi ! Bouli, c’est la famille. Mais ce n’est pas moi qui ai dit « Il faut prendre Bouli », c’est le hasard ou le destin, comme on veut. Les filles des costumes et du maquillage sont très fortes pour nous faire croire qu’il est assez vieux pour jouer Samagas ! Ses petites bouclettes, sa toge, m’ont bien fait rire…

En quoi, selon vous, Thomas Langmann et Frédéric Forestier se complètent-ils?

C’est difficile à dire parce que ça dépend des jours ! Fred sait précisément où il va tandis que pour Thomas, ça dépend de ce qu’il a vu avant, de ce qui lui a traversé l’esprit… Finalement, ils se complètent bien. Il y a même des moments où la folie de Thomas rejoint la rigueur de Frédéric. Le sang-froid de Frédéric, sa maîtrise, sa générosité s’équilibrent bien avec l’exubérance, l’enthousiasme de Thomas. C’est un enfant, Thomas. C’est ce qui fait sa grandeur. Il a les qualités de ses défauts. Il faut être fou pour monter un bazar pareil ! Mais cette folie est un plus. Elle fait sa grandeur de producteur…

Votre premier souvenir d’Astérix, la bande dessinée ?

Ce serait plutôt des souvenirs de dessinateur que de lecteur. J’adorais tellement les dessins qu’à douze ans, je passais mon temps à les recopier. Pas tant Astérix et Obélix d’ailleurs que les forêts… J’adore comment Uderzo dessine les arbres, les feuilles, et aussi comment il dessine le corps humain, la musculature. Je lui ai souvent piqué des trucs ! Mes premiers souvenirs, c’est vraiment lorsque je regardais les dessins… L’album que je préférais, c’était Le domaine des dieux. Et je l’ai encore plus aimé quand on m’a expliqué plus tard que ça racontait le boum de l’immobilier ! Ils étaient très forts, Goscinny et Uderzo pour jouer sur les différents niveaux de langage et de compréhension… J’aimais beaucoup aussi Astérix aux jeux olympiques. Thomas a bien choisi, il a eu raison…

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