L’équipe technique, du film Arthur et la vengeance de Maltazard, nous livre les secrets de fabrication de ce deuxième opus. De la musique aux effets spéciaux, en passant par les décors et costumes, découvrez comment ces artistes ont donné forme à l’univers des Minimoys.
LA MUSIQUE : Eric Serra, fidèle complice de Luc Besson et compositeur de la bande originale d’Arthur et les Minimoys, a retrouvé Londres et son orchestre symphonique pour l’enregistrement de la musique de cette suite.
« Arthur et les Minimoys, qui introduisait un univers inédit, avait demandé un long travail de composition, avec une musique symphonique riche d’une grosse orchestration : une centaine de musiciens et quarante choristes. Pour cette suite, j’ai logiquement réutilisé une grande partie des thèmes que j’avais composés à l’époque auxquels j’ai ajouté un certain nombre de thèmes inédits, dans la veine du premier film. La vraie nouveauté se trouve dans la musique qui accompagne la séquence de Paradise Alley : pour la première fois dans l’univers d’Arthur, j’ai mélangé du symphonique avec des rythmiques programmées, plus modernes et plus typiques du style hip-hop ou trip-hop. J’ai également fait jouer à mon orchestre symphonique des éléments moins classiques, traditionnellement joués par une basse ou une guitare et réinterprétées cette fois par un basson, un haut bois ou une clarinette. Cela donne, me semble-t-il, un univers musical assez original et décalé, qui correspond bien à l’ambiance ludique de Paradise Alley. »
LES DÉCORS : Objectif principal d’Hugues Tissandier, chef décorateur qui travaillait pour la première fois sur une suite : assurer la continuité des décors. La maison d’Archibald, qui existait déjà dans le premier Arthur, a ainsi été reconstruite à l’identique, à l’aide des meubles et accessoires qui avaient été conservés depuis le précédent tournage. Et c’est finalement du côté de la ville que l’on trouve la plupart des décors inédits …
« C’est à nouveau en Normandie que ce village du Connecticut a été reconstitué : la petite partie déjà existante dans Arthur et les Minimoys a été remise en état… et étendue sur 40 000 m2 pour les besoins du scénario. Nous avons notamment recréé toute la vie sociale du village : son église, des boutiques, un supermarché, un garage, une quincaillerie, un poste de police, un cinéma et une fontaine, l’ensemble s’inscrivant bien sûr dans les références de l’époque. La particularité de cette ville de cinéma tenait aussi à la fabrication d’un décor intérieur pour chacune des façades existantes : ayant retenu du premier Arthur les caprices de la météo normande, la présence de ces décors intérieurs « in situ » – et non pas en studio comme cela se fait habituellement – permettait de jongler avec le plan de tournage et de ne pas être arrêté par la météo. Autre impératif lié aux conditions climatiques : la construction d’un décor suffisamment résistant pour supporter les orages, mais aussi la circulation de vrais véhicules. L’ensemble du village a donc été construit légèrement en pente – pour drainer l’eau de pluie – et avec des matériaux relativement costauds. Il ne suffisait pas de poser des murs : encore fallait-il que le village supporte trois mois de tournage !”




LA LUMIÈRE : Fidèle collaborateur de Luc Besson, Thierry Arbogast, chef opérateur, retrouve la campagne verdoyante de la Normandie pour cette suite très riche en lumière naturelle et toujours inspirée par l’esthétique des peintres phares du naturalisme américain : Norman Rockwell et Edward Hopper.
“En termes de lumière, la continuité était essentielle à partir du moment où l’on tournait dans les mêmes décors et la même campagne normande. Il fallait reprendre le « look » du premier épisode pour que les trois films forment les trois volets d’une même histoire. C’est ce qui me plaît beaucoup avec la série des Indiana Jones : les trois premières aventures ont été réalisées par le même chef opérateur, avec une belle continuité dans l’esthétique. Dans la mesure où j’aime beaucoup tourner en lumière naturelle, j’ai pris beaucoup de plaisir aux premières scènes de cette suite qui voient Arthur enchaîner les étapes de son initiation. Ce sont des scènes brèves, mais visuellement très belles, filmées au cœur de la nature – ce qui nécessite moins de « travail ». Par exemple, dans les sous-bois, on arrive à modifier la lumière par le seul apport d’un réflecteur ou d’une toile blanche. Les scènes nocturnes sont un peu plus complexes à réaliser, dans la mesure où la « véracité » de la lumière – à laquelle tient beaucoup Luc – dépend du dosage : la scène des lianes repose ainsi sur le mélange d’un clair de lune argenté et des torches qui entourent les Bogo Matassalaï. C’est ce mélange de lumière chaude et froide qui donne tout son charme à la scène.”
LES COSTUMES : Fort d’une figuration plus riche – notamment avec les habitants de la ville – Olivier Bériot, chef costumier, a pu donner libre cours à sa passion du vintage : plus de 350 costumes ont été réunis pour cette suite !
“Nous avons une nouvelle fois trouvé notre inspiration dans les publicités des magazines des années 50, mais aussi dans les nombreuses photos de famille publiées par les américains sur Internet. Cette fois, nous avons particulièrement mis l’accent sur les petits métiers de la ville, par exemple les serveurs de fast-food, pour lesquels il existe une importante iconographie. Nous avons également recréé le look des pompiers de l’époque à base de photos d’actualités : nous avons déniché de vrais casques chez un loueur anglais et recréé leurs grosses vareuses en toile de lin orange – pour éviter que les costumes ne soient trop lourds à porter en plein été. De façon générale, l’ensemble des costumes mélange pur vintage – notamment le chapeau de Mia Farrow, les cravates et les chapeaux d’hommes, mais aussi beaucoup de bijoux et de chaussures – rééditions de modèles d’époque (très à la mode en ce moment) et copies ou réimpressions spécialement effectuées pour le tournage. Il faut dire que c’est une époque facile à habiller : les coupes années 50 vont à tout le monde !”
LES EFFETS SPÉCIAUX : Stéphane Gluck, assistant réalisateur et réalisateur deuxième équipe, revient sur les spécificités de la séquence des lianes – l’une des plus riches en effets spéciaux – qui voit Arthur utiliser une méthode inédite pour retrouver sa taille de Minimoy…
“C’est une séquence qui fait appel à la pure magie du cinéma, puisqu’elle mélange trois techniques : des images tournées en live et sur fond vert de Freddie Highmore, entortillé dans des lianes tirées par les Bogo Matalassaï ; de simples trucages, comme l’utilisation d’un mannequin pour récupérer les gros plans des lianes quand elles serrent le corps d’Arthur au maximum ; et une partie purement 3D, qui achève de rendre la scène la plus réaliste possible. C’est une séquence, déjà complexe sur le papier, qui s’est révélée particulièrement difficile sur le tournage, notamment parce que nous avons cumulé aléas météorologiques – le froid, pénible pour les acteurs, le vent, qui éteignait les torches, la pluie, qui se voyait à l’image ! – problèmes techniques – une panne de générateur – et soucis logistiques – liés aux conditions météo. Bref, même si c’est l’une des séquences les plus spectaculaires à l’image, cela n’a pas forcément été la plus ludique à tourner !”
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